Il a réconcilié socialisme et écologie. Aujourd’hui, le PS le déteste et les écolos veulent l’abattre. Retour sur une malédiction toute mélenchonienne !
C’est bien connu, Jean-Luc Mélenchon n’est pas quelqu’un qui retient ses coups. Qu’il garde ses anciens camarades du PS dans le viseur n’est pas étonnant. Mais depuis quelques années, c’est contre les écologistes qu’il ferraille le plus volontiers. Aux « menteurs », au « hypocrites » et au « faux jetons », il semble même parfois en vouloir à mort. C’est là qu’un coup d’œil dans ses archives personnelles s’avère utile pour comprendre exactement de quoi il retourne. Car Jean-Luc Mélenchon n’a pas découvert les écologistes à la dernière présidentielle, loin s’en faut.
La première fois qu’il en a parlé, longuement et publiquement, remonte à 1992. Il y a trente ans, donc, il prend le micro au congrès du PS à Bordeaux et prône « la belle alliance » rose, rouge et verte. « Aujourd’hui, c’est l’écologie qui a su récupérer cet espace de contestation du capitalisme », reconnaît-il « Si l’on produisait partout dans le monde comme on produit dans nos sociétés développées, ce serait au prix de la fin de toute vie sur cette planète.» A l’époque son appel du pied à destination des Verts a tout d’un cri dans le désert. D’abord parce que le Parti socialiste est encore farouchement productiviste et pro-nucléaire : très peu pour eux. Ensuite, parce que les écolos défendent – plus pour très longtemps – la ligne ni-ni d’Antoine Waechter selon laquelle « l’écologie n’est pas à marier ». En réalité, sa proposition témoigne déjà d’une vraie porosité entre la gauche et les écologistes.
Lui fait partie de ceux qui se sont laissés acculturer dès les années 1980. « Avec la percée des écologistes, il y a pas mal de socialistes qui ont réinterrogé leur logiciel. Il est de ceux-là », confirme Arthur Nazaret, journaliste politique au Journal du dimanche et auteur en 2019 d‘Une histoire de l’écologie politique. « Au PS, il était dans le même courant que Marie-Noëlle Lienemann, qui fut la première à être chargée de travailler sur l’environnement et le cadre de vie, à partir de 1983». A tout petits pas, elle ébranle ces certitudes. A celui qui défendait alors le développement des forces productives comme clé du progrès social (parce qu’il augmente la quantité de richesses à distribuer), elle explique « pendant longtemps » le caractère insoutenable de tout cela. «Il n’était pas contre, mais il n’était pas mobilisé dessus », raconte-t-elle dans le livre d’Arthur Nazaret. A nos confrères de Reporterre, le leader insoumis évoque une autre rencontre intellectuelle, plus décisive encore : sa propre fille « qui, bien dans sa génération, est écolo-républicaine ». « Elle me montrait le caractère archaïque de ce que je racontais […] me poussant à lire sur des sujets sur lesquels je n’avais jamais été, notamment sur les énergies alternatives et l’alimentation.» confie-t-il en 2018. Les événements aidant – Tchernobyl et crise de la vache folle, entre autres – Jean-Luc Mélenchon se détourne du nucléaire et une envie de révolution agricole germe dans son esprit.
Adieu productivisme, bonjour anti-capitalisme vert
Résultat : lorsqu’il rompt avec le Parti Socialiste en novembre 2008 pour fonder le Parti de gauche, son positionnement s’est déjà fortement « écologisé ». D’ailleurs, il veut impérativement des écologistes avec lui car la vision qu’il porte désormais est celle de […]
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